28 avril 2010

MON PREMIER REPORTAGE EN LIGNE SUR LE SITE D'INFORMATION MEDIAPART!!

PROSTITUÉES : DE L'AUTRE CÔTÉ DU MIROIR


Argent, drogue, proxénétisme, réseau... L’univers de la prostitution fait souvent la une des médias. Mais que sait-on vraiment des personnes qui s’y livrent ? Dans quelles circonstances se sont-elles retrouvées dans cet univers impitoyable ? Comment vit-on et supporte-t-on les conditions précaires ? Il nous fallait passer de l’autre côté du miroir. Celui dont on parle si peu. Une vie «normale» est-elle possible après une nuit à tapiner…

Porte de la Chapelle, 22 heures. Vacarme incessant de la circulation. A proximité de la bouche du métro, la foule se presse vers les arrêts de bus. Entre ceux qui rejoignent leur domicile et ceux qui s’en vont décompresser dans les clubs de Paris, le vendredi soir au terminus de la ligne 12 est électrique.
Au bout sur la droite, le boulevard Macdonald est désert. Quelques lampadaires éclairent à peine les rares piétons. C’est là où le travail commence. Là où l’on perçoit, à l’ombre des trottoirs, des filles à l’affût du premier client. Africaines et Européennes de l’Est, toutes se sont fardées pour appâter les automobilistes en quête de plaisir. Par groupe de trois, quatre, parfois seule, elles patientent. L’une d’entre elles, une jolie noire vêtue d’un sweat blanc, débardeur pailleté et jean moulant, a sans doute moins de 18 ans.
Dès que je m’approche, son regard dubitatif devient très vite suspicieux. Elle ne parle pas français. Je lui explique en anglais que je me fiche de ses passes et souhaite m’entretenir avec elle sur sa vie en dehors du trottoir. Elle hésite, comprend à moitié ce que je lui dis. Elle n’arrête pas de gesticuler, mâche son chewing-gum nerveusement : elle est aux aguets. De quoi a t-elle peur ? Redoute t-elle l’arrivée de son mac ? D’un seul coup, elle sursaute et se met à courir dans tous les sens sur la route.
Baston. Scène surréaliste. Une bande de jeunes à casquettes hurlent : «Bande de sales putes! Cassez-vous d’ici !». Ils sont au moins une dizaine et lancent des grosses pierres sur les prostituées. J’évite de peu un projectile. Mon collègue, resté dans la voiture, intervient rapidement. Un des jeunes s’écrie «Y a les flics!!». Une partie d’entre eux courent vers les blocs d’immeubles alentours tandis que mon collègue empêche deux forcenés, de lancer des chaises en plastique. Dans la confusion générale, j’aperçois deux voitures noires aux vitres teintées, s’arrêter en plein milieu de la route pour embarquer les prostituées, avant de débouler à toute vitesse. En deux temps, trois mouvements, les filles ont disparu. 
Retour à la case départ. A pied et en présence de mon acolyte cette fois-ci, je poursuis ma recherche de témoignages. A deux, c’est moins risqué. Un groupe de trois prostituées surexcitées dansent et chantent le long du boulevard. On les aborde courtoisement. Ce sont des filles de l’Est. Elles parlent un français approximatif mais comprennent très bien ce qu’on attend d’elles. «50 euros et je parle!», propose la plus excitée de la bande. Face à notre refus, elle se jette sur mon collègue qui réussit à s’échapper tant bien que mal aux assauts intéressés de la jeune fille.
Comment aborder leur intimité, leur vie la plus dissimulée, celle de tous les jours ? Je me souviens des propos agacés de cette prostituée de la rue Saint Denis : «Nous sommes des femmes comme les autres! Ici, tout le monde se connaît. Certaines sont mariées, leurs enfants vont même à l’école du coin! Y en a marre de ces journalistes qui nous prennent pour des bêtes de foire!». Elle ajoute, beaucoup plus calme, qu’elle mène une vie normale à des kilomètres de Paris et qu’une fois avoir «tapé à la machine», elle n’y pense plus. Aucune personne de son entourage n’est au courant de ses activités. Elle avoue, tout de même, qu’une chose lui pèse: le mensonge. La vie d’une prostituée, une vie schizophrène?
La clef, c’est Juliette qui me l’offre, le même soir au milieu du bois de Vincennes, dans sa vieille camionnette déglinguée. 
Les deux vies de Juliette. Pourtant le premier contact n’a pas été évident. «Je n’aime pas les journalistes. Un jour, une association nous a piégé. Pendant qu’elle distribuait des préservatifs gratuits aux filles, des journalistes se trouvaient à l’arrière de leur véhicule. Ils ont filmé les camionnettes, pris des photos sans notre accord! C’est comme ça, que j’ai retrouvé ma plaque minéralogique, publiée dans le magazine Paris Match! Les journalistes sont des escrocs!». Et surtout, énorme gaffe, je l’ai prise pour une nigériane. Juliette ne supporte pas les prostituées nigérianes. « Depuis leur arrivée dans le Bois, c’est le souk! la police est incapable de les attraper, ils n'ont pas d'adresse pour les filer. C'est un gros réseau... D'autres viennent même de Sierra Leone ». Petit à petit, Juliette se dévoile et aborde sa vie en dehors du travail. Elle nous explique alors ses motivations : «Je suis auxiliaire de vie chez un couple de retraités, je gagne à peine le smic! En plus, je n’ai pas beaucoup d’heures de travail, mes employeurs ne sont pas tout le temps là. Ils voyagent souvent.»
Juliette fait partie de cette masse de travailleurs pauvres qui ne cesse de s'accroître depuis la crise économique. «Avec une telle rémunération, je ne gagne pas suffisamment pour subvenir à mes besoins et encore moins à ceux de mes deux enfants que j'ai dû élevé seule depuis mon divorce». Ses enfants sont sa grande fierté. Grâce aux revenus de la prostitution, elle a pu leur offrir un environnement stable et les inciter à poursuivre des études longues. Aujourd'hui, sa fille aînée de 27 ans est psychologue et son fils de 23 ans vient d'être embauché comme technicien dans une grande entreprise. «Si je n'avais pas fait ça, que seraient devenus mes enfants? Aujourd'hui, ils vivent leur vie et je n'ai plus à m'inquiéter. Et eux non plus! Il y a 2 ans, j’ai avoué à ma fille ce que je faisais. Bien-sûr, elle a voulu que j'arrête immédiatement. Elle m'a proposé de me donner l'équivalent de ce que je gagne, tous les mois. J'ai refusé. Elle peut se plaindre tant qu’elle veut. C'est MA vie. Et ses études, elle les doit à l'argent de la prostitution.»
Agée de 48 ans, Juliette n'envisage pas de rester en France. «D'ici 2 ans, je m'en vais, j'ai tout prévu». Elle décrit sa grande maison avec piscine, qu'elle a fait construire au Cameroun pour y passer ces vieux jours. «Je refuse d'être un poids pour mes enfants. Je ne veux pas qu'ils subissent la même chose que moi. Supporter la pression de la famille au pays qui vous réclame sans cesse de l'argent. En Afrique, tout le monde pense qu'on vit mieux qu'eux ici, alors qu'on essaye de s'en sortir dans des conditions difficiles». Et sur un ton virulent, elle ajoute : «Vous savez les plus gros macs ce sont les parents! La croyance d’une Europe où l’argent coule à flot persiste et empoisonne la vie des prostituées africaines, à qui on leur demande toujours plus»
Mais pourquoi avoir choisi ce métier là plutôt qu'un autre? "Eh bien, il n' y a pas de travail bien payé accessible pour moi. Je ne peux pas vivre au RMI. Avec tout l'argent que je gagne le soir, je peux m'offrir de belles choses, des trucs de luxe et j'aime offrir à mon entourage. J'ai un gros coeur..." Un entourage qui se limite à ses enfants. Juliette confie qu'elle n'a plus d'amis, qu’elle fuit même les contacts car «les gens sont mauvais». C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle elle a révélé son activité à sa fille, « au cas où, il arriverait quelque chose...». En dehors de son travail dans le bois de Vincennes, trois soirs par semaine, Juliette sort très peu. Elle passe le plus clair de son temps dans son deux pièces de 45 m2, situé dans une résidence privée, d’un loyer de 700 euros. «Souvent, je vais au Cameroun, rejoindre ma famille» dit-elle d’un sourire lumineux.
Soudain, un groupe de jeunes passe devant nous. «Vous voyez eux?! Ce sont des clients. ils sont de plus en plus jeunes. Certains n'ont que 12 ans. Quand je vois ça, je suis énervée, tu te dis que c'est un enfant que tu aurais pu faire toi même! Il y a la drogue aussi qui circule beaucoup dans le coin». En les observant, je repense aux petits nerveux de Porte de la Chapelle. Quelle ironie ! Décidément la jeunesse masculine est pleine de contradictions. Partagée entre la révulsion de la pute, elle leur est indispensable pour s'affirmer sexuellement comme mâle... dominant...
En poursuivant la discussion, je suis impressionnée par la jovialité de cette femme qui passe d'un sujet à l'autre. Petit à petit, je me défais de mes a priori. Dans les mots de Juliette, ni souffrance, ni détresse. Pourtant, la douleur est présente. «Je ne souhaite à personne de faire ce métier. Mais si tu dois le faire, c'est parce que tu en as vraiment besoin. Depuis que Sarkozy est passé, je dirais même depuis le premier mandat de Chirac, la situation est devenue très compliquée. On est traitée comme des parias. La police nous manque de respect. Mais, moi, je connais mes lois! ils me connaissent très bien au commissariat...»
Juliette n'en dira pas plus. De toute façon, il est plus de minuit, l'heure à laquelle les clients affluent. Juliette restera dans sa vielle camionnette jusqu'à deux, trois heures du matin. Puis, elle retournera dans son deux pièces. Seule.

A LIRE SUR MEDIAPART.FR et CAMEROONONLINE.ORG
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Argent, drogue, proxénétisme, réseau... L’univers de la prostitution fait souvent la une des médias. Mais que sait-on vraiment des personnes qui s’y livrent ? Dans quelles circonstances se sont-elles retrouvées dans cet univers impitoyable ? Comment vit-on et supporte-t-on les conditions précaires ? Il nous fallait passer de l’autre côté du miroir. Celui dont on parle si peu. Une vie «normale» est-elle possible après une nuit à tapiner…

Porte de la Chapelle, 22 heures. Vacarme incessant de la circulation. A proximité de la bouche du métro, la foule se presse vers les arrêts de bus. Entre ceux qui rejoignent leur domicile et ceux qui s’en vont décompresser dans les clubs de Paris, le vendredi soir au terminus de la ligne 12 est électrique.
Au bout sur la droite, le boulevard Macdonald est désert. Quelques lampadaires éclairent à peine les rares piétons. C’est là où le travail commence. Là où l’on perçoit, à l’ombre des trottoirs, des filles à l’affût du premier client. Africaines et Européennes de l’Est, toutes se sont fardées pour appâter les automobilistes en quête de plaisir. Par groupe de trois, quatre, parfois seule, elles patientent. L’une d’entre elles, une jolie noire vêtue d’un sweat blanc, débardeur pailleté et jean moulant, a sans doute moins de 18 ans.
Dès que je m’approche, son regard dubitatif devient très vite suspicieux. Elle ne parle pas français. Je lui explique en anglais que je me fiche de ses passes et souhaite m’entretenir avec elle sur sa vie en dehors du trottoir. Elle hésite, comprend à moitié ce que je lui dis. Elle n’arrête pas de gesticuler, mâche son chewing-gum nerveusement : elle est aux aguets. De quoi a t-elle peur ? Redoute t-elle l’arrivée de son mac ? D’un seul coup, elle sursaute et se met à courir dans tous les sens sur la route.
Baston. Scène surréaliste. Une bande de jeunes à casquettes hurlent : «Bande de sales putes! Cassez-vous d’ici !». Ils sont au moins une dizaine et lancent des grosses pierres sur les prostituées. J’évite de peu un projectile. Mon collègue, resté dans la voiture, intervient rapidement. Un des jeunes s’écrie «Y a les flics!!». Une partie d’entre eux courent vers les blocs d’immeubles alentours tandis que mon collègue empêche deux forcenés, de lancer des chaises en plastique. Dans la confusion générale, j’aperçois deux voitures noires aux vitres teintées, s’arrêter en plein milieu de la route pour embarquer les prostituées, avant de débouler à toute vitesse. En deux temps, trois mouvements, les filles ont disparu. 
Retour à la case départ. A pied et en présence de mon acolyte cette fois-ci, je poursuis ma recherche de témoignages. A deux, c’est moins risqué. Un groupe de trois prostituées surexcitées dansent et chantent le long du boulevard. On les aborde courtoisement. Ce sont des filles de l’Est. Elles parlent un français approximatif mais comprennent très bien ce qu’on attend d’elles. «50 euros et je parle!», propose la plus excitée de la bande. Face à notre refus, elle se jette sur mon collègue qui réussit à s’échapper tant bien que mal aux assauts intéressés de la jeune fille.
Comment aborder leur intimité, leur vie la plus dissimulée, celle de tous les jours ? Je me souviens des propos agacés de cette prostituée de la rue Saint Denis : «Nous sommes des femmes comme les autres! Ici, tout le monde se connaît. Certaines sont mariées, leurs enfants vont même à l’école du coin! Y en a marre de ces journalistes qui nous prennent pour des bêtes de foire!». Elle ajoute, beaucoup plus calme, qu’elle mène une vie normale à des kilomètres de Paris et qu’une fois avoir «tapé à la machine», elle n’y pense plus. Aucune personne de son entourage n’est au courant de ses activités. Elle avoue, tout de même, qu’une chose lui pèse: le mensonge. La vie d’une prostituée, une vie schizophrène?
La clef, c’est Juliette qui me l’offre, le même soir au milieu du bois de Vincennes, dans sa vieille camionnette déglinguée. 
Les deux vies de Juliette. Pourtant le premier contact n’a pas été évident. «Je n’aime pas les journalistes. Un jour, une association nous a piégé. Pendant qu’elle distribuait des préservatifs gratuits aux filles, des journalistes se trouvaient à l’arrière de leur véhicule. Ils ont filmé les camionnettes, pris des photos sans notre accord! C’est comme ça, que j’ai retrouvé ma plaque minéralogique, publiée dans le magazine Paris Match! Les journalistes sont des escrocs!». Et surtout, énorme gaffe, je l’ai prise pour une nigériane. Juliette ne supporte pas les prostituées nigérianes. « Depuis leur arrivée dans le Bois, c’est le souk! la police est incapable de les attraper, ils n'ont pas d'adresse pour les filer. C'est un gros réseau... D'autres viennent même de Sierra Leone ». Petit à petit, Juliette se dévoile et aborde sa vie en dehors du travail. Elle nous explique alors ses motivations : «Je suis auxiliaire de vie chez un couple de retraités, je gagne à peine le smic! En plus, je n’ai pas beaucoup d’heures de travail, mes employeurs ne sont pas tout le temps là. Ils voyagent souvent.»
Juliette fait partie de cette masse de travailleurs pauvres qui ne cesse de s'accroître depuis la crise économique. «Avec une telle rémunération, je ne gagne pas suffisamment pour subvenir à mes besoins et encore moins à ceux de mes deux enfants que j'ai dû élevé seule depuis mon divorce». Ses enfants sont sa grande fierté. Grâce aux revenus de la prostitution, elle a pu leur offrir un environnement stable et les inciter à poursuivre des études longues. Aujourd'hui, sa fille aînée de 27 ans est psychologue et son fils de 23 ans vient d'être embauché comme technicien dans une grande entreprise. «Si je n'avais pas fait ça, que seraient devenus mes enfants? Aujourd'hui, ils vivent leur vie et je n'ai plus à m'inquiéter. Et eux non plus! Il y a 2 ans, j’ai avoué à ma fille ce que je faisais. Bien-sûr, elle a voulu que j'arrête immédiatement. Elle m'a proposé de me donner l'équivalent de ce que je gagne, tous les mois. J'ai refusé. Elle peut se plaindre tant qu’elle veut. C'est MA vie. Et ses études, elle les doit à l'argent de la prostitution.»
Agée de 48 ans, Juliette n'envisage pas de rester en France. «D'ici 2 ans, je m'en vais, j'ai tout prévu». Elle décrit sa grande maison avec piscine, qu'elle a fait construire au Cameroun pour y passer ces vieux jours. «Je refuse d'être un poids pour mes enfants. Je ne veux pas qu'ils subissent la même chose que moi. Supporter la pression de la famille au pays qui vous réclame sans cesse de l'argent. En Afrique, tout le monde pense qu'on vit mieux qu'eux ici, alors qu'on essaye de s'en sortir dans des conditions difficiles». Et sur un ton virulent, elle ajoute : «Vous savez les plus gros macs ce sont les parents! La croyance d’une Europe où l’argent coule à flot persiste et empoisonne la vie des prostituées africaines, à qui on leur demande toujours plus»
Mais pourquoi avoir choisi ce métier là plutôt qu'un autre? "Eh bien, il n' y a pas de travail bien payé accessible pour moi. Je ne peux pas vivre au RMI. Avec tout l'argent que je gagne le soir, je peux m'offrir de belles choses, des trucs de luxe et j'aime offrir à mon entourage. J'ai un gros coeur..." Un entourage qui se limite à ses enfants. Juliette confie qu'elle n'a plus d'amis, qu’elle fuit même les contacts car «les gens sont mauvais». C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle elle a révélé son activité à sa fille, « au cas où, il arriverait quelque chose...». En dehors de son travail dans le bois de Vincennes, trois soirs par semaine, Juliette sort très peu. Elle passe le plus clair de son temps dans son deux pièces de 45 m2, situé dans une résidence privée, d’un loyer de 700 euros. «Souvent, je vais au Cameroun, rejoindre ma famille» dit-elle d’un sourire lumineux.
Soudain, un groupe de jeunes passe devant nous. «Vous voyez eux?! Ce sont des clients. ils sont de plus en plus jeunes. Certains n'ont que 12 ans. Quand je vois ça, je suis énervée, tu te dis que c'est un enfant que tu aurais pu faire toi même! Il y a la drogue aussi qui circule beaucoup dans le coin». En les observant, je repense aux petits nerveux de Porte de la Chapelle. Quelle ironie ! Décidément la jeunesse masculine est pleine de contradictions. Partagée entre la révulsion de la pute, elle leur est indispensable pour s'affirmer sexuellement comme mâle... dominant...
En poursuivant la discussion, je suis impressionnée par la jovialité de cette femme qui passe d'un sujet à l'autre. Petit à petit, je me défais de mes a priori. Dans les mots de Juliette, ni souffrance, ni détresse. Pourtant, la douleur est présente. «Je ne souhaite à personne de faire ce métier. Mais si tu dois le faire, c'est parce que tu en as vraiment besoin. Depuis que Sarkozy est passé, je dirais même depuis le premier mandat de Chirac, la situation est devenue très compliquée. On est traitée comme des parias. La police nous manque de respect. Mais, moi, je connais mes lois! ils me connaissent très bien au commissariat...»
Juliette n'en dira pas plus. De toute façon, il est plus de minuit, l'heure à laquelle les clients affluent. Juliette restera dans sa vielle camionnette jusqu'à deux, trois heures du matin. Puis, elle retournera dans son deux pièces. Seule.

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19 avril 2010

Spleen.....

Aujourd'hui est un jour spécial, c'est le jour où s'est concrétisé la pensée.
Cette pensée que j'ai, chaque fois que je rencontre un nouvel homme dans ma vie: "Comment notre histoire va t-elle s'achever??"
Aujourd'hui mon histoire s'est achevée (comme me l'avaient prédit mes chères "amies").
Elle s'est achevée dans la douleur et l'humiliation.
Maintenant je ne suis plus rien, mon coeur est naze.
Ma nuque me fait mal, je ressens une lourdeur abominable qui me donne l'impression de porter tout le poids du monde. C'est sûrement la fatigue. Une énorme fatigue pour m'être investie dans cette relation ambiguë aux perspectives inexistantes.
Je n'ai pas l'impression d'être la fille la plus intelligente du monde mais les expériences précédentes m'ont tout de même permis de ne pas choisir n'importe qui et encore moi d'agir de façon naïve.
Pourtant j'y crois toujours et même si j'ai mal, je continue à croire que quelqu'un est fait pour moi sur cette putain de planète mais ce n'est pas lui....
Toute façon, ça ne pouvait être personne. Je sais que je ne suis pas prête, du moins pas suffisamment épanouie ou en accord avec moi même.
Mon coeur, mon corps, ma tête sont emplis de haine et d'aigreur. La haine de tous ces autres qui ne comprennent rien, qui ont une vie que je déteste et que je redoute d'avoir.
Je vis dans un mal être oppressant et omniprésent.
Alors que tout semblait s'éclaircir, ma hantise de revivre une fin d'année aussi difficile que celle de 2007 me poursuit et me fait craindre le moindre échec.
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai tendance à être superstitieuse: je ne peux pas m'empêcher de croire que Dieu me réserve de très courts cycles de bonheur où tout à l'air de réussir pour enchaîner sur de longues spirales d'échecs.
Celle de 2010 est en train de commencer.
La seule école de journalisme que je voulais absolument tenter, à refuser mon dossier et toute possibilité de dérogation à cause de mon âge avancé (oui après 25 ans on est considéré comme un reclus de la société LOL).
Pourtant je n'ai pas ménagé mes efforts pour y arriver, je me suis rendue jusqu'à l'école, plaidoyer en ma faveur et leur expliquer à quel point ce système est profondément injuste dans ma situation mais la femme qui s'occupe des dossiers n'en avait rien à faire. La réponse était définitive et sans appel. Hors de question que je passe le concours!
CELSA.... l'école qui me faisait rêver ces 6 derniers mois est devenu un rêve inaccessible, comme lui...
Dans OM SHANTI OM, le personnage principal interprété par mon idole Shahrukh Khan, reçoit un prix et voici ce qu'il dit:
 "Je n'ai qu'une chose à dire.
Je t'ai tellement désiré, tellement rêvé.
Alors c'est vrai, le monde entier a uni ses forces pour que je t'obtienne.
On dit souvent que quand on veut quelque chose de tout son coeur, le monde entier fait tout pour nous aider à l'obtenir."
Aussi banal que peuvent paraître ces quelques mots convenus, ils ont eu une résonance incroyable en moi. Je venais de prendre conscience ce qui distingue les êtres exceptionnels des autres.
Une force mentale et une foi sans commune mesure.
Depuis j'essaye de vivre, réagir dans cet état d'esprit avec pour seul ligne de mire: des buts à atteindre.
Je cherche uniquement à m'accrocher à ces objectifs. Tout mon être est fixé là dessus.
Les autres ne sont plus importants, leurs blablas ne m'intéressent pas. Mais il est peut être difficile  de dépasser les ondes négatives que ceux-ci vous imposent par leurs commentaires pessimistes, leur jalousie, leur suffisance...
Les autres c'est aussi lui.
Je me suis laissée emporter sachant pertinemment à quel point l'amour, les sentiments sont des freins à mes objectifs.
J'ai la rage parce que je savais où cela menait mais j'y suis allée, j'y suis allée parce que je pensais que ça en valait la peine mais je me suis trompée... et me suis détournée de mes objectifs.
Désormais tout est limpide dans ma tête: je suis faite pour être seule, je n'ai pas le temps pour l'amour.
Et j'ai l'impression que c'est  beaucoup trop d'investissement pour si peu de bonheur. 
Je crois aussi m'être attachée à une personne factice. Que cette personne face à moi qui me rend dingue et me fascine par son intelligence, sa perspicacité et sa beauté, n'existe pas finalement. 
Si elle avait vraiment existé on serait ensemble aujourd'hui. 
Peut-être cette relation n'aurait pas duré. J'en suis même sûre parce que j'attends trop de l'autre.
Cette histoire m'a juste permis de comprendre que je ne peux pas aimer ni être aimée si je ne commence pas par m'aimer moi-même.


J'ai aussi compris qu'il fallait que je me détache de cet idéal fantasmé que je traîne depuis mon adolescence.
Tous les hommes que j'ai rencontré et que j'ai cru aimé correspondaient à un type "idéal". Ils réunissaient tous les critères supposés garantir une relation passionnelle, désintéressée, amoureuse.
Pourtant, je me suis bien cassée les dents.

Mon premier petit ami L. était l'incarnation de mon homme idéal à 15 ans je voulais impérativement qu'il soit blanc (vous comprenez ils sont plus beaux dixit les magazines pré-ados comme Girls, 20 ans et cie... sans oublier  les séries en tout genre où le beau gosse de service était forcément blond ou brun (ah Dylan, Brandon, Jack...), ils sont aussi plus ouverts (Moi j'aime l'Afrique, les gens sont tellement simples, souriants blablabla), ils sont moins machos (eux au moins ils font la vaisselle, ils respectent les femmes) j'en passe et des meilleures. Enfin c'est à peu près le schéma mental qui s'opérait chez moi.

Je voulais aussi qu'il soit d'un niveau social élevé, plus âgé, indépendant. 
L. était blanc, il avait 8 ans de plus que moi et vivait à Sèvres, il faisait des études d'Histoire et comme je le voulais il avait son petit appart. à même pas 10 min. de Paris.
Le problème c'est que ce genre de profil n'induit pas que cette personne sera "bien" et je l'ai appris à mes dépends.
L. était un homme énigmatique dans le sens péjoratif du terme. C'était le genre de mec un peu perdu, menteur, pas du tout sûr de lui-même. 
L. était tout plein de condescendance et de mépris pour les gens qui ne venaient pas de son milieu social; une après-midi sur Paris et il fustigeait toutes ces "racailles de sortie qui viennent polluer l'espace parisien", il n'hésitait pas à me faire remarquer que "nous les noirs, on était ceci celà...." alors qu'il n'avait qu'un "ami" noir et surtout L. aimait me fréquenter car il en avait marre de sortir avec le même profil de femmes (blanches, rousses de préférence, maigres etc...), ça le changeait, une petite négresse. 
Moi obnubilée par la réelle attraction que l'on avait l'un pr l'autre, je tolérais ses propos abjectes, simplistes et profondément débiles. Et voilà comment je fus embarquée dans une histoire passionnellement plate, faite de ruptures, de retours, de non concrétisation.
Lui avec le même mépris affiché: j'ai toujours été sidérée par son attachement pour moi alors qu'il vouait un malin plaisir à me démontrer à quel point il me méprisait, exemple: me poser un lapin en ayant le portable sur répondeur.... à deux reprises! ou encore partir en voyage sans me prévenir.... et d'autres petits coups super méchants mais que j'ai occulté de ma mémoire.
Vraiment L. était ce qu'on appelle un connard. 
Pourtant chaque année, il revenait en force, vous comprenez "il n'arrive pas à m'oublier". L'été dernier j'ai accepté de le revoir dans un café à Bastille, on a discuté durant des heures. Je me suis alors aperçue que L. était un complexé de la vie sans aucune assurance et un gros rageux: il affirmait que moi j'avais plus de chances de réussir dans les médias que lui (???? vs voyez beaucoup de journalistes femmes noires dans les équipes rédactionnelles???), qu'il était contre la discrimination positive car il n'y a pas de discriminations (????). Cette conversation édifiante ne méritait aucune réponse. Il a quand même osé finir son interminable monologue sur tout et RIEN par "Audrey, toi et moi, il y a quelque chose, on se retrouvera toujours (?!)". Je n'ai même pas ri tellement j'étais affligée presque honteuse d'avoir cru aimer ça! 
On s'est quitté sur une bise et je me suis sentie libérée. Libérée de cet être médiocre finalement tout petit et sans intérêt et je n'ai plus jamais répondu à aucun de ses messages.
Entre la 3e ou 4ème rupture avc L. (en tout cas à la rupture définitive lol), je me suis quand même remise en question : comment avais-je pu me fourvoyer autant? d'abord il était clair que tout n'était pas une question de couleur, qu'il soit noir, blanc, arabe, asiatique... tout ce que vous voulez, un homme reste un homme. (cf mon article les hommes préfèrent mentir)
Un jour en lisant le livre de Ténavian, la lepénisation des esprits, j'ai eu conscience des préjugés et de la profonde méconnaissance que j'avais sur les gens de la même couleur que moi. 
Puis au fur et à mesure de mes lectures, j'ai saisi le profond complexe d'infériorité qui m'habitait, une forme de négation de ma nature qui était indispensable à mon "intégration"
J'étais mise face à mes contradictions, au mépris de moi-même en étant obsédée par les blancs pensant qu'ils me sortiraient de ma condition. J'étais profondément aliénée et les 2 autres blancs avec qui je suis sortie juste après ma rupture avec L. n'ont fait que confirmer le problème. Tous voyait en moi une africaine (sic!) qui était sensée avoir des qualités physiques (bon coup, sexuellement sauvage....) et culturelles (tu sais préparer le tiep??parce que j'adore le tiep!) que bien sûr j'étais loin d'avoir étant française LOL (je me demande même si une africaine possède réellement ces qualités!).
ANYWAY, ils ont vite déchanté et moi je me suis barrée. 
Depuis cette prise de conscience, le monde a changé et j'ai enfin pu m'affirmer.  Petit à petit je me suis réappropriée mon "identité noire", celle que je fuyais depuis mon enfance.  
Ceci dit, je ne boycotte pas totalement les blancs (certaines personnes en me lisant ont l'air de prétendre que je suis une communautariste, limite une raciste anti-blancs), il évident que le blanc avec qui je pourrai vivre une magnifique histoire d'amour, est celui qui saura faire abstraction de ma couleur noire, celui qui est capable de voir qu'il n'y a pas de différence entre lui et moi ou plutôt celui qui ne rélèvera pas en longueur de journée "tu es noire, je suis blanc! vive le mélange!!!!"
Malheureusement pour 3/4 des couples mixtes, c'est parce que l'autre est différent, "exotique" qu'on se met avec, c'est pour sortir des sentiers battus soi disant... Et bien moi loin de ces idées conventionnelles à 2 balles j'espère être surprise et tombée amoureuse d'un mec sans couleur! Va savoir ce que c'est mais je n'ai plus d'idée préconçue, j'attends le bon, un point c'est tout!


Depuis ces épisodes désastreux, j'ai saisi ce qu'induisait l'amour. Mon échec actuel me renforce dans cette idée que donner de l'amour, c'est d'abord s'aimer soi-même et une fois qu'on aime on peut en donner à l'humanité entière.... (oui oui je suis fleur bleue lol)
Le véritable amour est définitivement dénué de tout postulat. 
Pas question d'affirmer que l'homme de ma vie sera noir grand musclé drôle brillant et riche lol ( Mon échec était incroyablement beau et intelligent c'était déjà pas mal...)
Car l'amour véritable est une quintessence, abstraite insaisissable juste l'expression d'un altruisme inné: vouloir pour l'autre ce que l'on désir pour soi bien évidement ça concerne des désirs positifs je parle ici d'un amour désintéressé, de don de soi. 
Dans un autre film de Sharukh khan (Décidement he's the best! lol), son personnage regarde la femme qu'il aime en se disant "quand je la vois c'est Dieu que je vois"
L'amour c'est ça...
Mon échec ne m'aimait pas il était juste en mal de sensations fortes.
Et moi je crois que je suis en mal d'amour....
Mais pour le moment il faut arrêter de souffrir et avancer... 
Laissez le temps au temps de.... et on verra (enfin vite parce que là ma mère pète un plomb, hier soir elle m'a encore sorti "Audrey c'est grave tu as bientôt 26 ans et tu n'as toujours pas de petit copain!) je sais Maman Merci de me le rappeler!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 

Spleen.....

Aujourd'hui est un jour spécial, c'est le jour où s'est concrétisé la pensée.
Cette pensée que j'ai, chaque fois que je rencontre un nouvel homme dans ma vie: "Comment notre histoire va t-elle s'achever??"
Aujourd'hui mon histoire s'est achevée (comme me l'avaient prédit mes chères "amies").
Elle s'est achevée dans la douleur et l'humiliation.
Maintenant je ne suis plus rien, mon coeur est naze.
Ma nuque me fait mal, je ressens une lourdeur abominable qui me donne l'impression de porter tout le poids du monde. C'est sûrement la fatigue. Une énorme fatigue pour m'être investie dans cette relation ambiguë aux perspectives inexistantes.
Je n'ai pas l'impression d'être la fille la plus intelligente du monde mais les expériences précédentes m'ont tout de même permis de ne pas choisir n'importe qui et encore moi d'agir de façon naïve.
Pourtant j'y crois toujours et même si j'ai mal, je continue à croire que quelqu'un est fait pour moi sur cette putain de planète mais ce n'est pas lui....
Toute façon, ça ne pouvait être personne. Je sais que je ne suis pas prête, du moins pas suffisamment épanouie ou en accord avec moi même.
Mon coeur, mon corps, ma tête sont emplis de haine et d'aigreur. La haine de tous ces autres qui ne comprennent rien, qui ont une vie que je déteste et que je redoute d'avoir.
Je vis dans un mal être oppressant et omniprésent.
Alors que tout semblait s'éclaircir, ma hantise de revivre une fin d'année aussi difficile que celle de 2007 me poursuit et me fait craindre le moindre échec.
Je ne sais pas pourquoi mais j'ai tendance à être superstitieuse: je ne peux pas m'empêcher de croire que Dieu me réserve de très courts cycles de bonheur où tout à l'air de réussir pour enchaîner sur de longues spirales d'échecs.
Celle de 2010 est en train de commencer.
La seule école de journalisme que je voulais absolument tenter, à refuser mon dossier et toute possibilité de dérogation à cause de mon âge avancé (oui après 25 ans on est considéré comme un reclus de la société LOL).
Pourtant je n'ai pas ménagé mes efforts pour y arriver, je me suis rendue jusqu'à l'école, plaidoyer en ma faveur et leur expliquer à quel point ce système est profondément injuste dans ma situation mais la femme qui s'occupe des dossiers n'en avait rien à faire. La réponse était définitive et sans appel. Hors de question que je passe le concours!
CELSA.... l'école qui me faisait rêver ces 6 derniers mois est devenu un rêve inaccessible, comme lui...
Dans OM SHANTI OM, le personnage principal interprété par mon idole Shahrukh Khan, reçoit un prix et voici ce qu'il dit:
 "Je n'ai qu'une chose à dire.
Je t'ai tellement désiré, tellement rêvé.
Alors c'est vrai, le monde entier a uni ses forces pour que je t'obtienne.
On dit souvent que quand on veut quelque chose de tout son coeur, le monde entier fait tout pour nous aider à l'obtenir."
Aussi banal que peuvent paraître ces quelques mots convenus, ils ont eu une résonance incroyable en moi. Je venais de prendre conscience ce qui distingue les êtres exceptionnels des autres.
Une force mentale et une foi sans commune mesure.
Depuis j'essaye de vivre, réagir dans cet état d'esprit avec pour seul ligne de mire: des buts à atteindre.
Je cherche uniquement à m'accrocher à ces objectifs. Tout mon être est fixé là dessus.
Les autres ne sont plus importants, leurs blablas ne m'intéressent pas. Mais il est peut être difficile  de dépasser les ondes négatives que ceux-ci vous imposent par leurs commentaires pessimistes, leur jalousie, leur suffisance...
Les autres c'est aussi lui.
Je me suis laissée emporter sachant pertinemment à quel point l'amour, les sentiments sont des freins à mes objectifs.
J'ai la rage parce que je savais où cela menait mais j'y suis allée, j'y suis allée parce que je pensais que ça en valait la peine mais je me suis trompée... et me suis détournée de mes objectifs.
Désormais tout est limpide dans ma tête: je suis faite pour être seule, je n'ai pas le temps pour l'amour.
Et j'ai l'impression que c'est  beaucoup trop d'investissement pour si peu de bonheur. 
Je crois aussi m'être attachée à une personne factice. Que cette personne face à moi qui me rend dingue et me fascine par son intelligence, sa perspicacité et sa beauté, n'existe pas finalement. 
Si elle avait vraiment existé on serait ensemble aujourd'hui. 
Peut-être cette relation n'aurait pas duré. J'en suis même sûre parce que j'attends trop de l'autre.
Cette histoire m'a juste permis de comprendre que je ne peux pas aimer ni être aimée si je ne commence pas par m'aimer moi-même.


J'ai aussi compris qu'il fallait que je me détache de cet idéal fantasmé que je traîne depuis mon adolescence.
Tous les hommes que j'ai rencontré et que j'ai cru aimé correspondaient à un type "idéal". Ils réunissaient tous les critères supposés garantir une relation passionnelle, désintéressée, amoureuse.
Pourtant, je me suis bien cassée les dents.

Mon premier petit ami L. était l'incarnation de mon homme idéal à 15 ans je voulais impérativement qu'il soit blanc (vous comprenez ils sont plus beaux dixit les magazines pré-ados comme Girls, 20 ans et cie... sans oublier  les séries en tout genre où le beau gosse de service était forcément blond ou brun (ah Dylan, Brandon, Jack...), ils sont aussi plus ouverts (Moi j'aime l'Afrique, les gens sont tellement simples, souriants blablabla), ils sont moins machos (eux au moins ils font la vaisselle, ils respectent les femmes) j'en passe et des meilleures. Enfin c'est à peu près le schéma mental qui s'opérait chez moi.

Je voulais aussi qu'il soit d'un niveau social élevé, plus âgé, indépendant. 
L. était blanc, il avait 8 ans de plus que moi et vivait à Sèvres, il faisait des études d'Histoire et comme je le voulais il avait son petit appart. à même pas 10 min. de Paris.
Le problème c'est que ce genre de profil n'induit pas que cette personne sera "bien" et je l'ai appris à mes dépends.
L. était un homme énigmatique dans le sens péjoratif du terme. C'était le genre de mec un peu perdu, menteur, pas du tout sûr de lui-même. 
L. était tout plein de condescendance et de mépris pour les gens qui ne venaient pas de son milieu social; une après-midi sur Paris et il fustigeait toutes ces "racailles de sortie qui viennent polluer l'espace parisien", il n'hésitait pas à me faire remarquer que "nous les noirs, on était ceci celà...." alors qu'il n'avait qu'un "ami" noir et surtout L. aimait me fréquenter car il en avait marre de sortir avec le même profil de femmes (blanches, rousses de préférence, maigres etc...), ça le changeait, une petite négresse. 
Moi obnubilée par la réelle attraction que l'on avait l'un pr l'autre, je tolérais ses propos abjectes, simplistes et profondément débiles. Et voilà comment je fus embarquée dans une histoire passionnellement plate, faite de ruptures, de retours, de non concrétisation.
Lui avec le même mépris affiché: j'ai toujours été sidérée par son attachement pour moi alors qu'il vouait un malin plaisir à me démontrer à quel point il me méprisait, exemple: me poser un lapin en ayant le portable sur répondeur.... à deux reprises! ou encore partir en voyage sans me prévenir.... et d'autres petits coups super méchants mais que j'ai occulté de ma mémoire.
Vraiment L. était ce qu'on appelle un connard. 
Pourtant chaque année, il revenait en force, vous comprenez "il n'arrive pas à m'oublier". L'été dernier j'ai accepté de le revoir dans un café à Bastille, on a discuté durant des heures. Je me suis alors aperçue que L. était un complexé de la vie sans aucune assurance et un gros rageux: il affirmait que moi j'avais plus de chances de réussir dans les médias que lui (???? vs voyez beaucoup de journalistes femmes noires dans les équipes rédactionnelles???), qu'il était contre la discrimination positive car il n'y a pas de discriminations (????). Cette conversation édifiante ne méritait aucune réponse. Il a quand même osé finir son interminable monologue sur tout et RIEN par "Audrey, toi et moi, il y a quelque chose, on se retrouvera toujours (?!)". Je n'ai même pas ri tellement j'étais affligée presque honteuse d'avoir cru aimer ça! 
On s'est quitté sur une bise et je me suis sentie libérée. Libérée de cet être médiocre finalement tout petit et sans intérêt et je n'ai plus jamais répondu à aucun de ses messages.
Entre la 3e ou 4ème rupture avc L. (en tout cas à la rupture définitive lol), je me suis quand même remise en question : comment avais-je pu me fourvoyer autant? d'abord il était clair que tout n'était pas une question de couleur, qu'il soit noir, blanc, arabe, asiatique... tout ce que vous voulez, un homme reste un homme. (cf mon article les hommes préfèrent mentir)
Un jour en lisant le livre de Ténavian, la lepénisation des esprits, j'ai eu conscience des préjugés et de la profonde méconnaissance que j'avais sur les gens de la même couleur que moi. 
Puis au fur et à mesure de mes lectures, j'ai saisi le profond complexe d'infériorité qui m'habitait, une forme de négation de ma nature qui était indispensable à mon "intégration"
J'étais mise face à mes contradictions, au mépris de moi-même en étant obsédée par les blancs pensant qu'ils me sortiraient de ma condition. J'étais profondément aliénée et les 2 autres blancs avec qui je suis sortie juste après ma rupture avec L. n'ont fait que confirmer le problème. Tous voyait en moi une africaine (sic!) qui était sensée avoir des qualités physiques (bon coup, sexuellement sauvage....) et culturelles (tu sais préparer le tiep??parce que j'adore le tiep!) que bien sûr j'étais loin d'avoir étant française LOL (je me demande même si une africaine possède réellement ces qualités!).
ANYWAY, ils ont vite déchanté et moi je me suis barrée. 
Depuis cette prise de conscience, le monde a changé et j'ai enfin pu m'affirmer.  Petit à petit je me suis réappropriée mon "identité noire", celle que je fuyais depuis mon enfance.  
Ceci dit, je ne boycotte pas totalement les blancs (certaines personnes en me lisant ont l'air de prétendre que je suis une communautariste, limite une raciste anti-blancs), il évident que le blanc avec qui je pourrai vivre une magnifique histoire d'amour, est celui qui saura faire abstraction de ma couleur noire, celui qui est capable de voir qu'il n'y a pas de différence entre lui et moi ou plutôt celui qui ne rélèvera pas en longueur de journée "tu es noire, je suis blanc! vive le mélange!!!!"
Malheureusement pour 3/4 des couples mixtes, c'est parce que l'autre est différent, "exotique" qu'on se met avec, c'est pour sortir des sentiers battus soi disant... Et bien moi loin de ces idées conventionnelles à 2 balles j'espère être surprise et tombée amoureuse d'un mec sans couleur! Va savoir ce que c'est mais je n'ai plus d'idée préconçue, j'attends le bon, un point c'est tout!


Depuis ces épisodes désastreux, j'ai saisi ce qu'induisait l'amour. Mon échec actuel me renforce dans cette idée que donner de l'amour, c'est d'abord s'aimer soi-même et une fois qu'on aime on peut en donner à l'humanité entière.... (oui oui je suis fleur bleue lol)
Le véritable amour est définitivement dénué de tout postulat. 
Pas question d'affirmer que l'homme de ma vie sera noir grand musclé drôle brillant et riche lol ( Mon échec était incroyablement beau et intelligent c'était déjà pas mal...)
Car l'amour véritable est une quintessence, abstraite insaisissable juste l'expression d'un altruisme inné: vouloir pour l'autre ce que l'on désir pour soi bien évidement ça concerne des désirs positifs je parle ici d'un amour désintéressé, de don de soi. 
Dans un autre film de Sharukh khan (Décidement he's the best! lol), son personnage regarde la femme qu'il aime en se disant "quand je la vois c'est Dieu que je vois"
L'amour c'est ça...
Mon échec ne m'aimait pas il était juste en mal de sensations fortes.
Et moi je crois que je suis en mal d'amour....
Mais pour le moment il faut arrêter de souffrir et avancer... 
Laissez le temps au temps de.... et on verra (enfin vite parce que là ma mère pète un plomb, hier soir elle m'a encore sorti "Audrey c'est grave tu as bientôt 26 ans et tu n'as toujours pas de petit copain!) je sais Maman Merci de me le rappeler!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! 

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